Le projet de la direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé (DASES) de la ville de Paris a été désigné lauréat par le jury du Fonds MNT en février 2021. Cette direction souhaite réaménager l’accueil des mineurs non accompagnés et des jeunes majeurs, parfois violents verbalement. Elle est accompagnée par le Fonds MNT depuis avril 2021. Explications.

La problématique

Chaque année, le service éducatif des mineurs non accompagnés et celui des jeunes majeurs, qui dépendent de la DASES de la ville de Paris, accompagnent environ 2 500 jeunes qui représentent un public fragile. La DASES souhaite apaiser les tensions et améliorer les conditions d’accueil en créant des espaces d’attente plus rassurants et de nouveaux espaces de rencontre.

La volonté du jury du Fonds MNT

Accompagner ce projet, pour le Fonds MNT, c’est valoriser sa dimension collaborative. Un groupe de travail pluridisciplinaire a, en effet, été créé pour ce projet. Il rassemble les responsables de service, les agents d’accueil, les travailleurs sociaux, les jeunes, les agents administratifs, les psychologues des deux services, ainsi que le responsable sécurité, l’ergonome et les services du patrimoine en charge des travaux de la ville de Paris.

22 entretiens menés

En avril 2021, après avoir visité les locaux, les équipes du Fonds MNT venues avec des spécialistes de design de politiques publiques pour accompagner les lauréats, ont mené, au total, 22 entretiens auprès des agents et des jeunes mineurs. Après cette enquête, ils ont proposé plusieurs actions à mettre en place. Une journée portes ouvertes a même été organisée au mois de mai : présentes toute la journée dans les locaux, les équipes du Fonds MNT ont pu présenter leurs propositions et répondre en direct aux questions des agents.

4 principes d’action

La DASES de la ville de Paris a retenu quatre axes principaux et expérimente divers prototypes du 18 juin au 7 juillet :

  • interagir avec les jeunes :
    une carte du monde et une carte de Paris plastifiées sont affichées en grands formats dans l’espace d’accueil« Les objectifs ? Que les jeunes puissent coller une vignette sur leur pays d’origine ou ceux qu’ils ont traversés pour venir en France, découvrir les foyers de l’enfance parisiens ou le plan de métro, et que ces cartes deviennent un support de discussion et d’animation », explique Ethel Jaloustre, éducatrice spécialisée au service éducatif des mineurs non accompagnés ;
  • rendre l’attente plus supportable en l’expliquant :
    une fresque a été co-construite, elle explique visuellement le fonctionnement du service aux mineurs et aux jeunes majeurs et les raisons du temps d’attente. « C’est comme rentrer dans les coulisses des services pour rendre visibles nos missions d’agentspublics. Les jeunes pourront se dire : ʺAh, d’accord, j’attends mon éducatrice parce qu’elle est en train de passer des coups de fil pour trouver une place d’accueil à l’un d’entre nous ou parce qu’elle est déjà en entretien avec un jeuneʺ », précise Ethel Jaloustre.
  • créer des espaces tampon et offrir une zone de répit :
    « À côté des bureaux d’entretien, nous imaginons des espaces intermédiaires, hybrides. Ces derniers seraient, au contraire, ouverts (sans ou avec peu de cloisons), invitant à partager des moments informels. Ce seraient de petits coins accueillants, des bulles cocooning pour les jeunes qui n’ont souvent pas beaucoup dormi. Mais nous ne pourrons les tester que dans nos futurs locaux, nous déménageons, en effet, début 2022 ! », commente l’éducatrice spécialisée ;
  • mieux partager les espaces :
    par exemple, trouver un mode de réservation en ligne pour les bureaux d’entretien ou améliorer la signalétique afin de rendre les différents espaces (toilettes, bureaux d’entretien, etc.) facilement identifiables. « Nous avons déjà organisé un atelier participatif sur ces thèmes, un autre atelier est prévu plus tard avec l’aménageur de nos futurs locaux », ajoute Ethel Jaloustre.

Des équipes très satisfaites

Le 6 juillet, un retour d’expérience sera organisé pour décider des outils à conserver. Ensuite, un document de synthèse final sera élaboré avant l’achat ou la fabrication du matériel nécessaire. « Le bilan à mi-parcours est très positif, les agentsont réellement apprécié les temps d’échange qui ont été organisés, ils se sont sentis écoutés et entendus. Globalement, ils sont très satisfaits des idées qui ont été soumises. Nous regrettons simplement de ne pas pouvoir tout expérimenter à cause du futur déménagement, c’est un peu frustrant… », confie Ethel Jaloustre. En tout cas, s’ils font leurs preuves, de nombreux outils sont susceptibles d’être dupliqués dans d’autres services publics, comme les cartes du monde et de la ville (ici Paris) ou la fresque visuelle. Parce que, comme le rappelle l’éducatrice spécialisée, « les enjeux liés à l’accueil d’un public sont communs à de nombreuses administrations » !

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